Charlie Hebdo.

Je viens de m'abonner à Charlie Hebdo. Comme Arnold Schwarzenegger...

Sauf que ça n'a rien à voir.

Parce que moi, je connaissais Charlie Hebdo avant qu'on ne tire sur ses auteurs. Je l'ai lu quelques années quand j'étais (plus) jeune. J'ai arrêté sans vraie raison (séparation d'avec le compagnon qui l'achetait, manque de temps au quotidien, manque de place parce que je ne voulais pas me défaire des numéros déjà à la maison, et puis ils n'étaient pas parvenus à faire interdire le FN... bref, comme je dis, pas de vraie raison), mais je lui conservais une certaine tendresse.

Comme je ne le lisais plus, je n'ai pas su les difficultés financières, sinon, je me serais peut-être abonnée un peu plus tôt parce que l'existence de CE journal me tient à coeur.

Là, comme tout le monde, j'ai pris une claque. Comme tout le monde je suis extrêmement choquée qu'on ait tiré comme ça sur des gens, et sur ceux-là... Cabu, quoi ! (et tous les autres, bien sûr, les anonymes, aussi, mais je crois que j'ai répété "Cabu, quoi !" d'un air hébété pendant deux jours... le Cabu de notre enfance, le papa de Mano).

L'école de la Souricette a été rebaptisée "Ecole Publique Charlie Hebdo" pendant deux jours, le Raton Blagueur (à ne pas confondre avec le p'tit rat de Luz !) est allé marcher sous la pluie avec son père à l'appel de collectifs qui me semblaient respectables... ça m'a touchée. Que d'autres que moi leur en parlent, que ça prenne sens aussi pour eux.

Moi, j'ai réfléchi, aux annonces d'aide gouvernementale ou de grands groupes pour la pérennité du journal. Et je me suis dit que le plus utile pour Charlie était peut-être de l'argent "indépendant" et je me suis abonnée, donc. Et je pense que j'aurai malgré les circonstances plaisir à le relire (en clair je ne me serais pas abonnée à n'importe quel journal même sous le coup de l'émotion, ce n'est pas un abonnement "de bienfaisance"), et on a de la place, à la maison, pour conserver les nouveaux numéros, ouf.

Par contre, je ne suis pas au rassemblement parce que je suis un peu agoraphobe même si je comprends que les gens qui aiment le journal n'ont pas le monopole de la peine, qu'il y a une dimension nationale dans cette actualité dramatique, de nombreux, très nombreux "détails" me font bondir dans ce que j'entends des réactions des uns et des autres qui s'expriment dans les médias, y compris parmi les bonnes volontés. Parce que récupération il y a forcément, quoiqu'on en dise. Parce que ça me semble juste une insulte à la mémoire des membres de la rédaction d'imaginer le FN dans un cortège leur rendant hommage, même en province. Parce que les loupiotes et les trucs qu'on dépose, ça me fait penser à Lady Di, pas aux joyeux drilles de Charlie Hebdo, je trouve ça déplacé. Je ne fais pas un truc qui ne me correspond pas, je pense à eux quand même (et aux victimes collatérales, et à leurs proches).

Et après avoir hésité un tout petit peu, je mets en cadeau ici la couverture de Charlie Hebdo qui a laissé la trace la plus présente dans ma mémoire: