Elle s'en va (Emmanuelle Bercot)

Avant quelques articles programmés sur des films que vous ne pourrez plus voir sur grand écran (et pour certains, c'est regrettable), j'en intercale un qui est à l'affiche en ce moment et que je vous recommande.

Le synopsis:

Bettie, la soixantaine, se voit soudain abandonnée par son amant et en péril financier avec le restaurant familial. Que faire de sa vie ? Elle prend sa voiture, croyant faire le tour du pâté de maison. Ce sera une échappée. Au fil de la route : des rencontres de hasard, un gala d’ex-miss France, le lien renoué avec sa fille, la découverte de son petit-fils, et peut-être l’amour au bout du voyage… Un horizon s’ouvre à elle.

Un road movie, donc, avec Deneuve dans le rôle du personnage central... J'entends d'ici quelques "Ah Deneuve, je ne peux pas la supporter" et je dis c'est juste impossible de ne pas l'aimer. Elle est belle, courageuse (parce qu'elle se montre telle qu'elle est, avec le "poids des années" sur sa peau, sans concession), touchante, drôle, bref, elle n'usurpe pas son statut d'icône. Et m'a donné envie de la revoir toute jeune dans les films de Demy (d'ailleurs je suis sortie en chantant:

"Non je ne pourrai jamais vivre sans toi
Je ne pourrai pas, ne pars pas, j'en mourrai
Un instant sans toi et je n'existe pas
Mais mon amour ne me quitte pas
Mon amour je t'attendrai toute ma vie
Reste près de moi reviens je t'en supplie
J'ai besoin de toi je veux vivre pour toi
Oh mon amour ne me quitte pas"... Les parapluies de Cherbourg !).

Au début du film Bettie enchaîne les rencontres improbables et cette suite un peu décousue de moments drôles, poétiques, bienveillants, déroutants... m'a laissée bouche bée.

Puis vient la rencontre, comme au détour du chemin, avec son petit fils, interprété par le fils de la réalisatrice et qui est un enchantement. Et le périple se poursuit, sur un rythme différent, en duo... puis, une pause dans l'excitation d'une réunion de vieilles miss, une convalescence dans l'évidence des gestes du quotidien... Ça m'a fait penser à un morceau de musique, classique, avec des passages de l'adagio à l'allegro, vous voyez?

J'ai apprécié aussi la galerie de personnages secondaires (je n'ai juste pas été convaincue par Camille dans sa première scène. Par la suite, elle n'est pas "sympa" mais en adéquation avec son rôle, finalement) et la bande originale, variée et où chaque morceau se cale comme il faut dans son moment de film, je m'en suis fait la remarque à plusieurs reprises.

Ce film m'a enchantée et remise d'aplomb : alors que j'étais partie au cinéma sans grande conviction un soir de grande fatigue, d'agacement, de besoin de m'échapper, moi aussi, j'en suis revenue avec un large sourire. C'est pourquoi j'ai du mal à comprendre la sévérité de certaines critiques de spectateurs. J'ai déjà été très déçue par certains films encensés par les professionnels et je connais la désagréable impression d'être passé à côté,  d'avoir perdu son temps, mais pour celui-ci, non, je ne comprends pas les reproches qui lui sont faits.