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Des souris et des livres !
9 février 2015

Nous ne sommes pas nous-mêmes (Matthew Thomas)

nous ne sommes pas

 

J'ai eu le plaisir de recevoir ce roman dans le cadre d'une opération masse critique Babelio.

C'est un pavé de presque 800 pages et j'ai, pour la première fois, eu peur de ne pas être dans les temps pour rendre ma "copie" parce que je n'ai pas toujours pu m'y plonger comme je l'aurais voulu, bien que je l'ai traîné partout, en en prenant grand soin parce que je le trouvais très beau (l'image de la couverture, le carton de la couverture, tout doux...).

On y lit la vie d'Eileen Tumulty (déjà, le prénom m'a fait penser sans cesse à cette chanson), fille unique de parents immigrés irlandais dans le Queens d'après-guerre. Son père est une figure très charismatique du quartier, sa mère est dépressive, puis alcoolique, ils ont des problèmes de couple et c'est Eileen qui doit avoir les épaules pour que sa première famille se relève. C'est une petite fille trop sérieuse chez qui on voit poindre l'envie de "s'en sortir". Cette première partie m'a beaucoup parlé parce que sans avoir eu une enfance aussi compliquée que celle d'Eileen, j'ai été vraiment dans le même état d'esprit, avec la même "ambition" professionnelle (pas le même métier, mais pas si éloigné, non plus...) comme objectif d'accomplissement personnel.

Bref, elle devient infirmière, elle, et son volontarisme lui permet une assez bonne évolution de carrière. Elle épouse Ed, brillant enseignant et chercheur dont on comprend vite que même si elle en est amoureuse, elle l'a également choisi parce qu'il rend encore plus accessible son "plan de vie". Sauf qu'il n'a pas les mêmes ambitions qu'elle pour lui-même et sa carrière, de ce fait, progresse moins qu'elle ne l'espérait (il refuse les promotions par idéalisme). Ils ont un enfant, qui à son tour devra se plier aux rêves maternels. Je n'ai pas aimé l'Eileen de cette partie du livre, intransigeante, réac, éternelle insatisfaite franchissant sans mauvaise conscience la limite du chantage affectif pour imposer ses vues et ses désirs à son mari et à son fils. J'ai éprouvé une certaine compassion à son encontre mais ne m'y suis pas du tout identifiée : son personnage est intéressant, complexe tout en demeurant cohérent. Mais j'ai surtout eu de la peine pour ceux qui devaient supporter au quotidien sa façon de décider pour tous.

C'est aussi le moment où on commence à sentir que la catastrophe couve, même si on ne sait pas trop par lequel des membres de la famille elle commencera: le fils ado malmené par ses camarades? Ed qui semble soudain "perdre ses moyens" et se renferme de plus en plus alors qu'il nous avait été dépeint comme un mari, un père et un professeur attentif? Eileen et sa propension à la fuite en avant, qui s'emballe pour des maisons qui ne semblent pas dans leurs moyens?

Et puis survient la tuile, l'annonce qui marque la fin de son insouciance et de ses rêves de voir sa vie devenir encore meilleure, le début d'une chute inéluctable. Elle fait face à l'adversité et se montre un soutien inconditionnel pour Ed, même s'il ne servira plus ses intérêts. Elle ne se contente pas de sauver les meubles (les joies du système de santé américain !), de se comporter en "épouse-courage" pour sauver les apparences, mais son dévouement, son amour, son admiration pour les qualités que son mari a montrées (lorsqu'elles ne les reconnaissait apparemment pas) sont sincères et c'est avec une certaine surprise que je l'ai vue se révéler autrement que ce que j'aurais supposé, toujours exigeante et peu chaleureuse avec son fils devenant homme dans la douleur, mais ouvrant quelques fenêtres dans sa propre psychorigidité. J'ai trouvé que la fin du roman éclairait la partie précédente d'un jour nouveau.

Bref, j'ai aimé ce livre (à l'exception des scènes de base ball que j'ai survolées, hein... et de l'épilogue qui m'a un peu laissée "sur ma faim"), cette vraie tranche de vie au coeur du rêve américain qu'il m'a fait découvrir, la finesse des nuances entre l'absence de déterminisme (la résilience de certains personnages, la plupart, même) et l'implacable destin quand il n'y a plus rien à faire que juste faire de son mieux (et là, j'ai fait des pieds et des mains pour éviter de me projeter, brrr). Je remercie Babelio et les éditions Belfond de m'avoir offert cette lecture.

 

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